Wednesday

L'Amant


Istanbul, 4 mai 2008,

Le mouvement de ses hanches au rythme de la musique. Le jean glisse sur sa chair en caressant ses cuisses. La ceinture découvre le bas de son ventre. Ses mains aux longs doigts vaguant dans l'air découvrent ses beaux bras musclés. Ses dents blanches brillent dans le sourire de ses lèvres pleines. Le bleu de ses yeux me donne la promesse de sa peau brûlante.

Je dérive de son regard étincelant vers les étoiles en penchant ma tête en arrière. Quelques faisceaux laser s'intercalent entre moi et le ciel immense au-dessus du toit qui accueille cette soirée.

Je m'approche de lui. Ses cuisses entre mes cuisses. Nos hanches se balancent dans le même rythme. Je glisse les paumes de mes mains sous son T-shirt. Sous mes doigts je sens ses muscles se tendre et se détendre en harmonie avec toute la piste de danse. La lumière caresse les gouttes de sueur qui couvrent nos corps.

Son sourire se fige tout à coup. Se lèvres se ferment. Ses yeux plissent. Il m'embrasse. Ce corps à corps fait monter les battements de mon cœur dans ma gorge. Les émotions me montent à la tête et toute résistance m'abandonne face à la force de la douceur de son toucher.

Une dernière coupe de champagne. Les bulles pétillent. Je suis les fesses moulées dans le jean de mon copain. Nous descendons dans notre suite.

La porte s'ouvre. Une bouteille de champagne se débouche. Une lumière tamisée. Le bulles du jacuzzi. Le cuir du canapé. Le bois de la terrasse. La fermeté du matelas.

Nos corps enlacés. Les muscles en extension. Ses cheveux brillants. Sa peau suave. Son dos large. Son nez droit. Son regard brûlant. Ses mains sur mon corps. Son corps décrit par mes lèvres.

Le doux réveil du lendemain ensoleillé. Nos corps nus sous un drap de coton blanc. Nos membres enlacés. La pièce remplie d'odeur de l'amour. Des baisers furtifs. Des caresses légères. Des regards saturés de satisfaction. La lumière qui redéfinit toutes les courbes de son être. Quelques mots d'amour.

Je retrouve ses jambes nues sur le bord d'un ferry au large du Bosphore. Un mini-short blanc et des baskets en toile encadrent le bronze de ses jambes sculptées. Les rayures rouges de sa marinière laissent sortir les muscles de son cou. Il rigole en avançant vers les vagues en tirant sur mon pantalon.

Soudain. Une apparition. Chapeau feutre. Deux couettes. Robe débardeur découvrant son corps mince. Une paire de Manolos brodés vintage. La jeune fille de l'Amant, dix ans plus tard. Celle devant mes yeux fumait une cigarette. Seule. Appuyée sur la balustrade vers laquelle me tirait mon homme.

Quand il me prend dans se bras on manque de passer de l'autre côté. La jeune fille se met à hurler. Elle perd sa cigarette à la mer. Bien accrochés à la barre nous éclatons tous les deux de rire.

" Merci. C'est gentil d'essayer de sauver l'amour."
"Oh, c'est pour votre Margiela que je m'inquiétais!"
"Mademoiselle a l'oeil!" je lui souris: "alors la jeune maitresse s'est perdue en chemin pour Saïgon?"
" En effet, je viens de revoir le film, ça a inspiré mon look. Qui sait, peut-être je retrouverai mon amant."
"Ne vous a-t-il pas encore appelé pour vous expliquer qu'il ne pouvait vivre sans vous?"

Ses yeux s'emplissent de larmes amères. Je  reçois sur ma joue une claque bienveillante de mon amoureux. On regarde avec l'espoir le port de l'autre côté.

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